LA TERRASSE


THÉÂTRE DU TREMPLIN / DE MAURICE DESMAZURES ET DE PAUL CLAUDEL / MES EMILE AZZI
Publié le 22 juin 2018 - N° 267
La compagnie A Ciel Ouvert Les Justes Causes présente, en alternance, deux spectacles qui interrogent les ravages de l’infini, les arcanes du mal et la misère de l’homme sans Dieu.

« Pourquoi de tout temps les hommes ont-ils cherché à bâtir des œuvres qui les dépassent ? » : Emile Azzi voit dans la pièce de Maurice Desmazures l’occasion de sonder cette interrogation. L’histoire se passe à Vézelay, au XIIème siècle, alors que la basilique vient d’être achevée. Au moment d’être posée, la croix sommitale tombe sur un homme et le tue. Après ce mauvais présage, la basilique est incendiée. Accident ou crime ? Colère de Dieu ou action humaine ? Le légat du Pape arbitre le conflit entre le maître abbé, qui hésite à trancher, et le vice abbé, qui cherche un coupable à punir. « L’univers réaliste et métaphysique nous fait ici pénétrer dans un lieu qui va devenir la caisse de résonnance d’une humanité qui se cherche et qui va pousser à leurs extrémités les quêtes existentielles. Ce texte nous fait prendre conscience que les deux mondes proposés ne permettent pas de construire un avenir meilleur. Ils nous permettent de réaliser que l’équilibre est essentiel. », écrit Emile Azzi.
De basilique dramatique en cathédrale théâtrale
Seul en scène, le metteur en scène adapte Claudel et se fait comédien pour interpréter Simon Agnel, revenu au pays pour rendre à sa terre natale son épouse défunte. Cébès l’aide à ensevelir celle qu’ils ont tous deux aimée et offre sa dévotion à l’ancien rival. Ivre de colère, seul et oublié de Dieu, Simon reprend sa route au service militaire du roi, auquel il arrache la vie et le sceptre après être revenu de campagne en Tête d’or pour recueillir, impuissant, le dernier souffle de Cébès. Balisé par le sang, le chemin de Tête d’or semble celui de sa déréliction. Mais la grâce de l’ultime pardon de la princesse, qu’il détache d’une crucifixion monstrueuse après l’avoir chassée du trône de ses aïeux, vient sceller la rédemption sur ses lèvres. « Il n’y a rien à comprendre, tout est à ressentir », dit Emile Azzi, qui s’empare du vers claudélien avec lyrisme pour conter « l’histoire d’un homme qui fera de sa chute une ascension vers l’inaccessible ».

Catherine Robert

https://www.journal-laterrasse.fr/la-basilique-effacee-et-tete-dor/

Comments (0)

  1. Aucun commentaire pour le moment.

    Publiez le 1er commentaire pour cet article !

Laisser un commentaire

Votre email ne sera pas mis en ligne. Les champs avec un * sont obligatoires.

CAPTCHA ERROR!
captcha